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Les salariés de la centrale de Penly à M.Bruno Le Maire

Déclaration
de la délégation les salariés de la centrale EDF de Penly 

à M. Bruno Le Maire le 28 janvier à Dieppe

Monsieur le Ministre,

Nous représentons les salariés de la centrale EDF de Penly, dont plus de 70% se sont mis en grève dans le calme avant-hier.

Pourquoi ?

Ils se sentent, tous collèges confondus, unanimement trahis par la spoliation de leur entreprise que vous permettez en relevant encore le volume de TWh bradés à la concurrence d’EDF.

Il est essentiel d’insister sur leur préoccupation honorable et citoyenne, basée sur leur profonde conviction que la production d’électricité ne peut pas être soumise sans danger aux lois de l’économie de marché, à ses fluctuations et encore moins aux effets d’annonces gouvernementales aberrantes.

L’enjeu autour d’un bien de première nécessité est trop important pour cela.

Cette mesure sur l’AReNH annoncée ne protègera pas les clients déjà accablés par les hausses. Tout comme, la limite à 4% de la hausse de l’électricité imposée n’aura qu’un effet éphémère. Car in fine, les milliards d’euros « offerts » à la concurrence et ponctionnés chez EDF dont les finances sont déjà préoccupantes, se reporteront tôt ou tard sur le client.

Nous tous, constatons amèrement une situation devenue incontrôlable et où le juste prix de l’électricité n’existe plus alors qu’EDF sait produire un KWh à bas coût.

Qui d’autre qu’EDF sait le faire ?

C’est pour cela qu’EDF doit être protégée, respectée et non sacrifiée à des fins électoralistes ou pour le compte d’entreprises profiteuses et non solidaires dans l’effort.

Résultats : les clients sont bernés et les finances d’EDF obérées.

Voici les inquiétudes des salariés au regard des décisions politiques en cascade que malheureusement votre intervention dans les Echos ne suffira pas à calmer :

Alors concrètement, comment voyez-vous l’avenir sur ces sujets ?

  1. Quelle est votre stratégie à long terme pour la sécurité d’approvisionnement ?

RTE se demande comment passer l’hiver sans Fessenheim et sans les petites unités de production au charbon et projette à ce jour des délestages et des baisses de tension ciblées. Il est vrai que les décisions de fermeture appartiennent à un autre gouvernement, d’avant et d’un autre ministère mais il faut aujourd’hui composer avec…

  1. Quelle est votre stratégie pour stabiliser les prix ?

Demain, à quel prix EDF va devoir racheter sa propre électricité pour l’offrir à ses concurrents ? A 300 €, à 1000 €, plus ?

L’AReNH ne protège en rien de l’emballement des prix sur le marché de gros européen de l’électricité. Lundi 24 janvier, le prix du MWh atteignait 1193 € en Grande-Bretagne. Plusieurs experts prévoient le même ordre de prix totalement fou en février 2022 en France.

L’électricité est un bien de première nécessité : ne faut-il pas que l’Etat puisse introduire des mécanismes de régulation en dehors des marchés financiers internationaux et de ces mécanismes actuels absurdes ?

  1. Pensez-vous réellement que vos derniers choix politiques protégeront la facture des Français ? Dans ce maigre espoir, comment allez-vous contrôler les tarifs de revente des fournisseurs alternatifs ?

Ce serait une base. Actuellement, vous leur donnez l’immense satisfaction de voir le cours de leurs actions monter en flèche en bourse et demain, de s’emplir encore plus les poches sur le dos du fournisseur historique.

Est-il normal qu’EDF enrichisse Total et ses actionnaires ?

En ce qui concerne l’avenir plus lointain

Les probables 8 milliards d’euros que coûtent votre décision politique, ne pèseront pas sur le résultat net d’EDF mais son EBITDA regardé de près par les investisseurs pour tout projet d’avenir. Nous ne vous l’apprenons pas.

Vous déclarez que vous allez « continuer d’investir dans EDF avec le projet de nouveaux réacteurs nucléaires » mais au lendemain de votre annonce sur l’AReNH, l’action EDF dévisse de plus de 23% faisant fuir les investisseurs dont elle a grand besoin !

Voici donc, nos dernières interrogations :

Dans ces conditions, comment EDF peut-elle financer les nécessaires réacteurs de demain ?

Entretenir son parc nucléaire dans la durée et réaliser parallèlement les investissements demandés par la PPE ?

Les salariés restent inquiets : des actions juridiques vont être intentées par les 4 fédérations syndicales représentatives des IEG, pour la défense des consommateurs et pour la défense de l’avenir d’EDF. En parallèle, les élus du personnel feront valoir un droit d’alerte économique en CSEC du 4 février.

Nous vous remercions, Monsieur le Ministre, d’apporter des réponses à nos inquiétudes légitimes en tant que salariés et citoyens.

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