Portrait croisé Bosnie-Herzégovine et Australie
La Conférence de mi-mandat d’IndustriAll Global Union en Afrique du Sud, ainsi que la réunion du Comité des femmes et le Comité Exécutif qui l’ont précédée, ont permis cinq jours de débats foisonnants à Cape Town, en Afrique du Sud, entre quelque 600 militants syndicaux venus de 80 pays de tous les continents. Il y a beaucoup été question du pouvoir des entreprises multinationales, de la transition énergétique, des inégalités dans le monde et d’échanges de bonnes pratiques pour renforcer le pouvoir syndical.
Nous terminons nos rencontres avec les syndicalistes qui ont fait le voyage au Cap par un portrait croisé d’Ilvana SMAJLOVIC, de Bosnie-Herzégovine et Daniel WALTON, d’Australie.
À la question « Qui êtes-vous ? », Ilvana SMAJLOVIC répond spontanément « Une femme. D’abord, une femme. » On apprend aussi qu’elle a deux fils de 35 et 25 ans. Daniel WALTON parle tout aussi spontanément de ses enfants de 9 et 11 ans.
Daniel WALTON a grandi dans une famille de syndicalistes, il a commencé à militer à 19 ans et il est maintenant Secrétaire général de l’Australian Workers’ Union. Mais, il va quitter le syndicalisme pour avoir plus de temps à consacrer à ses enfants et voguer vers de nouveaux horizons professionnels. Avant et parallèlement au syndicalisme, il a fait bien d’autres choses : entre autre chef cuisinier au Royaume-Uni et globe-trotter, puis des études d’économie pour décrocher un MBA à Sydney.
À Cape Town il a beaucoup écouté et a pris la parole, surtout pour souhaiter la bienvenue aux congressistes chez lui à Sydney, dans deux ans. Avec un humour très british, il a mis en garde contre les serpents, les araignées et les requins ainsi que les désagréments du décalage horaire.
Quels seront les grands thèmes des syndicalistes de l’industrie mondiale en 2025 ? Daniel WALTON ne veut pas dresser la liste d’avance, mais la lutte contre les inégalités et le développement syndical en feront sûrement partie. Il souhaite aussi qu’IndustriAll Global Union puisse consacrer une part aussi importante que possible de son budget à aider ses adhérents.
Alors que Daniel WALTON a pris l’avion pour la grande métropole qu’est Sydney, Ilvana SMAJLOVIC repart en Europe, à Tuzla, ville industrielle d’Europe centrale. L’ingénieure chimiste y est présidente du syndicat indépendant des travailleurs de la chimie et des non-métaux. Elle a travaillé pendant plus de trois décennies dans une usine de sel. Si elle se consacre maintenant au syndicalisme, c’est parce que ses collègues l’y ont poussé. Elle a pris des responsabilités en tant que coprésidente du Comité des femmes d’IndustriAll Global Union, elle est membre des Comités Exécutifs d’IndustriAll Europe et IndustriAll Global Union. Mais, quand elle en parle, on sent bien que sa grande fierté, c’est son action locale et la négociation d’un accord de Branche sur un salaire minimum, qui a pu aboutir récemment, alors que pendant 20 ans, il n’y avait pas eu de tel accord.
L’un vit dans une métropole de plus de 5 millions d’habitants, l’autre dans une ville de province en Europe. L’un est à la tête d’un syndicat de près de 80 000 adhérents, l’autre milite dans un syndicat bien plus modeste en nombre. Ilvana SMAJLOVIC et Daniel WALTON se sont retrouvés en Afrique du Sud, sans faire de discours enflammés, juste pour mieux comprendre les enjeux du monde du travail et défendre leurs adhérents. Le syndicalisme est une partie intégrante, certes importante et enthousiasmante, de leur vie. Mais, ils gardent les pieds solidement ancrés dans le même quotidien que leurs concitoyens.
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