Les syndicats doivent être solidaires face à la mondialisation
Tamás SZÉKELY veut nouer des alliances avec les syndicats philippins pour défendre les travailleurs en Hongrie. « Les réunions avec IndustriAll Europe, c’est très bien, mais étant donné la globalisation de l’économie et des problèmes, cela ne suffit plus », dit d’emblée Tamás SZÉKELY, représentant de la Federation of the Chemical, Energy and General Workers’ Union (VDSZ) à la Conférence de mi-mandat de IndustriAll Global Union au Cap.
Tamás SZÉKELY assiste non seulement à toutes les réunions, mais il profite de toutes les pauses pour chercher des alliés. Il sait à quel point la solidarité des syndicats est importante. Il y a quelques jours, grâce à des contacts directs aux États-Unis, une grève de neuf jours dans une filiale hongroise d’une multinationale américaine a pu déboucher sur un accord.
Cet ingénieur électrique est aussi diplômé en Sciences économiques. Il est devenu syndicaliste à plein temps à la demande de collèges chimistes peu après ses études à Budapest. C’était peu après la chute du « rideau de fer » et il a complété sa formation initiale dans une grande académie syndicale allemande, à Dortmund. Il est président de son syndicat depuis 2009, mais il a encore des étoiles dans les yeux quand il parle de cette opportunité.
« En Hongrie, il est impossible de défendre ses droits tout seul. C’est une illusion », martèle Tamás SZÉKELY. Mais, c’est la venue de travailleurs étrangers en très grand nombre en Hongrie qui lui donne le plus de fil à retordre. Il explique : « Le gouvernement Orban veut faire venir jusqu’à 500 000 travailleurs d’Asie, surtout des Philippines, en Hongrie. Oui, tu as bien entendu : 500 000 dans un pays de 10 millions d’habitants ! Pourquoi des travailleurs philippins ? Parce que la Hongrie manque de bras et des Philippins parce qu’ils sont catholiques et qu’ils parlent tous anglais. Et, leur contrat est très clair : ils doivent venir sans leur famille et rentrer chez eux au bout de deux ans. Avec une seule prolongation possible, d’un an. »
Ce qui inquiète notamment le syndicaliste, ce sont leurs conditions de travail et ce que cela implique aussi pour les travailleurs hongrois dans l’industrie et l’agriculture. En effet, Tamás SZÉKELY craint que les Philippins n’aient ni les droits, ni les exigences des travailleurs européens et que leurs salaires de 520 euros nets par mois et leurs conditions de travail tirent les salaires et les conditions de travail des Hongrois vers le bas. Les autorités philippines encouragent cette mobilité d’après lui, car elles espèrent que leurs ressortissants enverront une partie de leur salaire au pays. La page Facebook de l’Ambassade de Hongrie aux Philippines fait fièrement la publicité de l’action.
Le syndicaliste hongrois explique aussi que le gouvernement de son pays déroule le tapis rouge, ou plutôt des ponts d’or, aux investisseurs chinois et coréens pour qu’ils construisent les immenses usines de batteries, dans lesquelles travailleront 35 000 personnes, dont beaucoup de Philippins, et qui permettront d’équiper les voitures électriques des usines BMW et Mercedes, en principe « made in Europe », implantées tout près.
« L’importation de salariés » n’est pas le seul aspect de la construction de voitures électriques qui inquiète notre collègue : importations d’énergie, grand besoin d’eau, importation de composants de pays d’Afrique où les mineurs travaillent trop souvent dans des conditions désastreuses. Il dénonce une « Transition qui n’est pas juste ».
Tamás SZÉKELY, qui parle couramment anglais et allemand, est à Cape Town pour écouter et nouer des alliances. Pendant notre discussion, il regarde déjà vers les congressistes alentour. Il veut absolument parler avec ses homologues philippins. Pour les Chinois, ce sera plus difficile. Ils ne sont pas là.
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