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Hinkley Point C – Chronique d’un désastre annoncé

Tant à l’interne qu’à l’externe, la CFE Énergies avait pourtant contesté le projet Hinkley Point C après avoir disséqué le dossier.

Rappel de quelques étapes clés :

  • En janvier 2016, la CFE Énergies posait quinze questions au CA d’EDF sur les volets industriel, financier, juridique et stratégique.
  • En février 2016, communiqué de presse de la CFE Énergies « Macron a tout faux, Hinkley Point C risque de tuer EDF ».
  • En avril 2016, l’intersyndicale (CFE-CGC, CGT et FO) demandait le report de la décision d’investissement devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale, mais le Président d’EDF indiquait au Sénat « c’est un projet mûr ».
  • En mai 2016, Thomas Piquemal ex-Directeur Financier démissionnaire en mars, déclarait à l’Assemblée Nationale : « Qui parierait 60 ou 70% de son patrimoine sur une technologie dont on ne sait toujours pas si elle fonctionne alors que cela fait dix ans que l’on essaie de la construire ? ». 
  • En juillet 2016, la CFE Énergies n’était pas en mesure d’émettre un avis en CCE d’EDF, constatant que la consultation avait été réalisée dans un délai inadapté à un projet d’une telle ampleur et n’apportait que des réponses très partielles et insuffisantes. La CFE Énergies portait l’affaire en justice.
  • Fin juillet 2016, le conseil d’administration d’EDF passait en force sans attendre la décision de justice et prenait la décision finale d’investissement, alors même que le gouvernement britannique n’avait pas encore validé le projet. 
  • Le 15 septembre 2016, Londres approuvait la construction de deux EPR à Hinkley Point C, avec un investissement initial de 18 milliards de livres supporté à 66,5% par EDF et à 33,5% par son partenaire chinois CGN.
  • Début 2024, EDF annonce une nouvelle dérive du calendrier et du coût : 31 et 34 milliards de livres (en monnaie 2015) … pour un prévisionnel de 18 milliards.
Chantier Hinkley Point C
Chantier Centrale nucléaire d’Hinkley Point C

À l’époque, l’analyse poussée du dossier avait permis à la CFE Énergies d’affirmer qu’EDF n’avait pas les capacités financières suffisantes pour se lancer dans un tel projet, avec un tel niveau de risque lié au modèle de financement retenu. La précipitation à décider, en 2016, d’investir dans le projet Hinkley Point C a conduit EDF, faute d’investisseur désireux de s’engager dans un projet aussi intense en capital, mais reposant sur une technologie non encore éprouvée en 2016, à engager ses fonds propres et donc son bilan dans le financement de ce projet.

La CFE Énergies ne saurait admettre que l’accélération des projets nucléaires internationaux d’EDF ne tienne pas compte des erreurs passées et illustrés par ce dossier britannique (précipitation à investir sur une technologie non éprouvée, modèle de financement déraisonnablement risqué…) et que cela puisse conduire EDF à devoir arbitrer au détriment des enjeux nucléaires en France et par là-même des enjeux de souveraineté du pays. L’histoire montre que toute fuite en avant est dangereuse…

La CFE Énergies demande au gouvernement de passer d’un discours enflammé aux preuves d’amour, comme celui du nouveau Premier Ministre ! Car la relance du nucléaire n’existera que si elle est financée. Dès lors, l’État actionnaire doit enfin assumer ses responsabilités et renforcer significativement la structure financière d’EDF, via une véritable recapitalisation. Les salariés d’EDF en France n’ont pas à payer les conséquences désastreuses de décisions prises par les dirigeants, y compris politiques, par le passé !