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Faire le même travail jusqu’à la retraite ?

À l’heure de la promulgation de la loi sur les retraites qui reporte l’âge légal de départ à 64 ans, quels sont les facteurs qui influencent la capacité des salariés à faire le même travail jusqu’à la retraite ?

C’est le titre même d’une analyse de la DARES, issue de l’enquête trisannuelle sur les conditions de travail, dont les résultats 2019 sont ici discutés.

Cette analyse porte sur le caractère soutenable ou insoutenable du travail. Ainsi la notion de « travail de qualité » chère aux DRH anglais revient-elle en force alors que les DRH français lui ont longtemps préféré celle de « qualité de vie au travail ».

Or, les faits sont têtus : plus d’un tiers des salariés déclarent ne pas être capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite. Cela représente, en France, 9 millions de personnes ! C’est beaucoup, c’est même un sérieux problème de santé publique, de frais de santé et de pauvreté prévisible dans la mesure où ces salariés seront conduits à prendre leur retraite plus tôt, avant d’avoir réuni les conditions pour une retraite à taux plein. Et ceci, en 2019, AVANT la réforme actuelle. Or, la pauvreté est un déterminant fondamental de la santé. Précisons que dans les foyers qui ont au moins un enfant, l’insoutenabilité du travail est encore plus élevée chez les femmes. En l’absence d’enfant, ou dans les familles monoparentales (homme ou femme) ces écarts liés au genre sont réduits : plus élevés pour homme et femme en présence d’enfant, diminués lorsqu’il n’y a pas d’enfant.

Quels sont donc les métiers les plus intenables ? En premier lieu, tous ceux qui se pratiquent au contact du public, tous ceux de l’action sanitaire et sociale et les métiers les plus éprouvants physiquement comme ceux du bâtiment : 65 à 45 % des salariés de ces familles professionnelles déclarent de pas pouvoir tenir dans leur travail jusqu’à la retraite. Être technicien de l’informatique ou secrétaire présenterait à l’inverse un facteur moins insoutenable, (autour de 20 % des salariés.)

Sans surprise, l’exposition aux risques professionnels ou une santé dégradée accroissent ce sentiment d’insoutenabilité du travail, mais un bon état de santé ne garantit pas pour autant un travail soutenable ! Ainsi les interruptions de travail longues s’accroissent-elles avec le caractère insoutenable du travail.

L’analyse de la DARES met en évidence plusieurs points souvent difficiles à admettre pour les employeurs : les changements organisationnels sont préjudiciables à la soutenabilité du travail ; plus grave, les dispositifs de prévention mis en œuvre améliorent peu le caractère soutenable du travail, fondamentalement parce qu’ils se limitent à informer ou à former sans pour autant remédier aux situations délétères. Ce n’est guère mieux lorsque les salariés vont consulter le médecin du travail, probablement, selon l’analyse, parce que leurs marges de manœuvre sont vraiment limitées. Alors, bien sûr, si l’autonomie et le soutien social sont présents, les dégâts peuvent être moindres. Mais quitter le statut de salarié ou changer de profession améliorent durablement la soutenabilité du travail, bien plus que de changer de poste ou d’entreprise en conservant le même métier.

Pour lire l’analyse complète : https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/quels-facteurs-influencent-la-capacite-des-salaries-faire-le-meme-travail-jusqua-la-retraite

 

 

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