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Être à la hauteur des enjeux sur les coûts du nucléaire

Sur les coûts du nucléaire, la CRE et le Gouvernement doivent être à la hauteur des enjeux et de l’histoire

Après le psychodrame sur la prochaine hausse des tarifs réglementés de vente de l’électricité (TRVE) qu’elle a annoncée pour début 2024, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) a remis son rapport sur l’actualisation des coûts du parc nucléaire existant, dans un contexte de course contre-la-montre pour trouver une solution au monde sans AReNH qui doit voir le jour début 2026.

Alors que les eurodéputés viennent de se prononcer contre l’application des contrats pour différence (CfD) au nucléaire existant et que ces CfD pourraient être exclus de la réforme du marché européen de l’électricité afin de débloquer les négociations à Bruxelles, la CFE Énergies s’étonne de voir la CRE prendre l’hypothèse d’une régulation de type CfD ou prix garantis s’appliquant à la totalité du productible du parc nucléaire. Cette approche conduit mécaniquement à en minorer les coûts, entre autres hypothèses hasardeuses.

L’association des grands consommateurs d’électricité, l’UNIDEN, qui milite pour ne plus être exposée aux prix de marché alors que ces mêmes grands consommateurs ont tout fait dans les années 90 pour obtenir la primauté de la concurrence et du prix de marché, n’a bien évidemment pas tardé à saluer la « référence neutre, incontestable » apportée par la CRE. Cette « référence » fuite bien opportunément en pleine négociation des prochains contrats de fourniture avec EDF.

Si la CFE Énergies partage l’avis que l’objectif de réindustrialisation passe par la visibilité et la stabilité sur les prix de l’électricité, elle considère que, quelle que soit la solution post AReNH retenue, CfD, PPA ou contrats long terme, celle-ci doit impérativement respecter la théorie économique et le principe de couverture de tous les coûts du parc nucléaire. C’est ce qu’elle a constamment revendiqué dans les débats sur les TRVE, l’AReNH lors de la commission Champsaur ou encore la NORENE envisagée par le Gouvernement en 2021.

Le Président Boiteux le disait simplement : « comme l’horloge est là pour dire l’heure, les tarifs sont là pour dire les coûts ». La CFE Énergies considère donc que l’estimation des coûts du parc nucléaire existant doit impérativement intégrer les coûts de son renouvellement industriel comme ceux de la nécessaire adaptation aux conséquences du réchauffement climatique. C’est la condition de la résilience climatique d’infrastructures essentielles à la Nation et de la pérennité du service public de
l’électricité.

À défaut, la CRE prendrait le risque de défendre une approche anti-économique qui fragiliserait le service public en mettant en risque le financement du renouvellement du parc nucléaire. Ce renouvellement est pourtant au cœur des priorités de décarbonation, de réindustrialisation et de souveraineté du Gouvernement, et s’avère essentiel à l’atteinte de l’objectif tant national qu’européen de neutralité carbone à horizon 2050 qui passe par une forte électrification. Au risque aussi d’ouvrir la
voie à un financement du nouveau nucléaire par des acteurs privés adeptes du greenwashing bas-carbone et éloignés des valeurs de service public, et au retour du projet de scission d’EDF que la CFE Énergies a déjà combattu avec les autres fédérations syndicales de l’énergie.

La CFE Énergies ose enfin espérer que la CRE a pleinement intégré dans ses travaux les conséquences sur les coûts et le productible du parc nucléaire d’une modulation de charge qui va croissant avec le développement des énergies variables et intermittentes, en adoptant l’approche systémique et analytique qu’imposent les fondamentaux du système électrique.

La CFE Énergies demande par conséquent au Gouvernement de faire les bons choix, ceux qui assurent l’avenir de la Nation dans une logique des biens communs et l’avenir du service public de l’électricité.

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