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Défendre le nucléaire en Europe

Lors de la 16ème édition du forum européen de l’énergie nucléaire (ENEF) qui vient de se tenir à Bratislava, la CFE Énergies a poursuivi le combat qu’elle mène depuis de nombreuses années pour défendre, au nom de la neutralité technologique bas carbone mais aussi de la souveraineté énergétique et industrielle de l’Europe, la place que doit pleinement jouer le nucléaire dans le modèle énergétique européen.

Le conflit russo-ukrainien a remis au cœur de l’agenda politique européen les questions de la sécurité des approvisionnements énergétiques et de l’autonomie stratégique, que la CFE Énergies n’a eu de cesse de défendre depuis de très nombreuses années. Aujourd’hui, le défi aussi colossal que vital de la neutralité carbone impose d’utiliser tous les leviers de décarbonation, sans dogme ni exclusive, en respectant la neutralité technologique. A la veille d’une nouvelle édition de la COP, la 28ème, le nucléaire n’est peut-être pas la seule solution à tous ces défis, mais il n’en est pas moins une des solutions les plus efficaces techniquement.

Son recours à un combustible abondant et réparti dans de nombreux pays, sa sobriété en matériaux (acier, béton, métaux et terres rares) et en occupation de l’espace en font économiquement, socialement et écologiquement un outil de souveraineté et un précieux allié de la préservation de la biodiversité, sans oublier qu’il est un fort pourvoyeur d’emplois à haute valeur ajoutée.

Après l’inclusion du nucléaire, quoiqu’assortie de conditions restrictives, dans la taxonomie européenne, pour laquelle la CFE Énergies s’est battue en prenant la tête d’une coalition syndicale européenne en 2022, représentant 11 États-Membres et préfigurant l’alliance nucléaire européenne aujourd’hui portée par le gouvernement français, la porte est restée verrouillée sur les questions de financement.

Mais aujourd’hui, une possible inclusion du nucléaire, en cours de discussion à Bruxelles, dans les technologies stratégiques du Net Zero Industry Act (NZIA) comme la dernière déclaration du vice-président de la Commission, Maroš Šefčovič, en faveur du nucléaire et de la neutralité technologique bas carbone, témoignent d’un début d’évolution positive. La volonté, désormais assumée, de réduire les dépendances européennes et d’organiser une meilleure résilience du système énergétique européen pousse dans le même sens.

Les avancées constatées à Bratislava en faveur d’une alliance européenne autour des petits réacteurs modulaires (SMR), constituent un autre signal positif. Pour autant, la promotion des SMR à l’échelle européenne ne doit pas conduire les dirigeants européens à procrastiner en matière de réacteurs de plus forte puissance, ni à croire naïvement qu’il suffit de financer des projets nord-américains de SMR en Europe pour faire une stratégie industrielle européenne créatrice d’emplois durables et qualifiés pour les citoyens européens.

En effet, les milliards d’euros financés par l’Europe en matière d’infrastructures énergétiques ne créeront d’emplois pour les Européens que s’ils reposent sur de véritables écosystèmes industriels, et non sur des importations d’équipements ou de technologies extra-européennes. Le comble serait que l’Union européenne, en soutenant partout en Europe les projets de SMR de technologie américaine, finisse par financer le développement d’une usine de SMR basée aux États-Unis, mettant ainsi fin à la présence sur le sol européen de l’ensemble de la chaine de valeur du nucléaire pour le plus grand bonheur de l’industrie américaine. Pour la CFE Énergies, seule une relance du nucléaire qui crée des emplois industriels pour les Européens fait sens !

Maintenant que la souveraineté industrielle n’est plus un tabou à Bruxelles, la CFE Énergies ne peut que souligner et saluer la volonté affichée de doter l’Union Européenne d’une stratégie industrielle en matière de combustibles nucléaires destinée à réduire ses dépendances. Reste à l’UE d’être cohérente en faisant de même avec les SMR…

Une question essentielle reste cependant encore sans réponse : tous ces projets ne verront le jour que s’ils sont financés. Nous sommes donc encore loin des ambitions et des moyens de l’Inflation Reduction Act américain et nos nations européennes risquent d’en payer le prix en termes de futures dépendances.

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