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Déconstruction des deux réacteurs RBMK lituaniens

La CFE Énergies avec la FECER se sont rendues sur ce chantier titanesque !

À la centrale nucléaire d’Ignalina, en Lituanie, tout est immense. Le bâtiment qui abritait les deux réacteurs de type RBMK et la salle des machines fait 660 mètres de long. Les deux réacteurs de 1500 MW chacun, mis en service en 1983 et 1987, étaient à l’époque les plus puissants du monde. Un troisième des 4 réacteurs prévus était en construction quand la Lituanie a choisi de rejoindre l’Union Européenne. 5000 femmes et hommes y produisaient de l’électricité dans le triangle géographique Lituanie-Lettonie-Biélorussie. Rien d’étonnant donc à ce que les salariés de la centrale parlent avec fierté de leur outil industriel. Mais voilà, la fermeture de cette centrale à eau bouillante de type Tchernobyl était la condition sine qua non pour l’adhésion de la Lituanie à l’Union Européenne. Les réacteurs ont été définitivement mis à l’arrêt respectivement en 2004 et 2009 et leur démantèlement est largement subventionné par l’Union Européenne.

Une délégation de la FECER (Fédération Européenne des Cadres de l’Énergie et de la Recherche), dans laquelle la CFE Énergies est très active, a récemment visité la centrale d’Ignalina. Le directeur de la centrale et les collègues syndicalistes que nous avons pu rencontrer se sont montrés légitimement fiers du deuxième chantier titanesque sur le site : celui de la déconstruction après celui la construction. Audrius Kamienas directeur général du site, parle d’une « success story » qui doit permettre au site de retrouver son état initial dès 2038. « Nous devons par exemple traiter l’équivalent de 17 Tours Eiffel de métal, dont 15 contaminées », nous a-t-il expliqué avec la même fierté que les techniciens et ingénieurs d’autres sites en démantèlement, à Fessenheim, Chooz A ou Philippsburg. Les divers composants, une fois décontaminés, sont largement recyclés. Le combustible usé est stocké sur le site de la centrale avant un stockage définitif dans quelques décennies.

Fierté certes, mais aussi tristesse de ne pas avoir pu continuer sur la lancée des années 80. D’après le directeur du site, en 15 ans les salariés ont eu le temps de s’habituer à l’idée de la fin de la production. Ils sont encore 1500. Mais il semble bien qu’il y ait un voile de tristesse dans sa voix quand il reconnait qu’ici on espérait faire tourner les réacteurs très longtemps et en construire d’autres. Les syndicalises que nous avons rencontrés le disent très clairement : « Certains ici ont participé à la construction, à l’exploitation et maintenant à la déconstruction. C’est très dur émotionnellement et intellectuellement. » Le bassin économique a beaucoup souffert aussi du départ de nombreux salariés au fort pouvoir d’achat. Beaucoup sont partis à l’étranger, dont certains dans les centrales nucléaires de Russie ou de Finlande.

Si les responsables politiques devaient décider de la construction de nouvelles unités nucléaires, M. Kamienas ne craint aucune opposition. « Dans cette région nous n’avons besoin de convaincre personne », dit-il dans un anglais parfait. La technologie de ces nouvelles centrales serait sûrement très différente de RBMK et la langue de travail ne serait plus le russe. Eh oui, à Ignalina ingénieurs et techniciens lituaniens, pragmatiques, ont gardé le russe comme langue de travail pour éviter toute erreur due à l’usage de deux langues et alphabets, même si les contacts avec la Russie sont coupés.

Alors qu’à Bruxelles on parle beaucoup de Transition Juste ou d’innovation dans le domaine des énergies, les membres de la FECER s’attachent à voir sur le terrain la réalité des changements.

« Ces partages d’expérience entre syndicalistes de divers pays permettent ensuite des analyses et des revendications tenant mieux compte des citoyens et des salariés que la seule étude de dossiers », souligne Alexandre Grillat, Secrétaire National Affaires Publiques et International de la CFE Énergies.  

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