Ultime CSE à Fessenheim
Dernier CSE du CNPE de Fessenheim du 29 juin 2023
Déclaration de la CFE Énergies
Le Comité Social et Économique du CNPE de Fessenheim est réuni pour la dernière fois en séance ordinaire aujourd’hui, la production d’électricité ayant été arrêtée par décision politique en 2020. C’est un moment triste, certes, mais c’est aussi le moment d’exprimer notre fierté et nos attentes.
Le passé
Nous sommes fiers des plus de 440 TWh fournis au réseau électrique français, mais aussi allemand et suisse, par les deux réacteurs nucléaires de Fessenheim.
Nous sommes fiers du travail accompli, avec toujours la sûreté et la sécurité comme priorités absolues. Nous nous souviendrons de la bonne coopération franco-germano-suisse sous égide française versus militantisme franco-germano-suisse anti-nucléaire menée à notre grand regret par des voisins allemands. Et nous espérons que les temps de la coopération productive reviendront. Nous l’espérons par pragmatisme, mais aussi par idéalisme européen.
Nous n’oublierons pas notre légitime fierté d’avoir alimenté en électricité les respirateurs des hôpitaux pendant la première vague de la pandémie Covid 19, particulièrement virulente dans le Haut-Rhin, entre l’arrêt définitif de la Tranche 1 et celui de la Tranche 2.
Nous repenserons avec bonheur à l’esprit d’équipe, souvent appelée famille, sur notre site industriel planté d’arbres, parsemé d’orchidées sauvages et peuplé d’hirondelles, fauvettes, rouges-queues, moineaux, mésanges, pinsons, loriots, bergeronnettes, linottes, faucons, crapauds, chauve-souris, lézards et autres lièvres, avec lesquels nous nous sommes mieux entendus qu’avec certaines espèces de la faune politique.
Nous n’aurons de cesse de dénoncer le dilettantisme politique qui a conduit à la mise à l’arrêt définitif de nos deux réacteurs, alors que la France et l’Europe ont soif d’énergies, soif surtout d’énergie décarbonée, sûre, abordable, pilotable, comme l’électricité produite par nos deux réacteurs.
Nous n’aurons de cesse de dénoncer le manque de courage des responsables politiques qui ont pris des décisions irresponsables et ont laissé notre entreprise gérer seule la fermeture de notre site industriel. Ce sont d’ailleurs les mêmes qui, après avoir exigé à cor et à cri la fermeture d’une partie des autres réacteurs en parfait état de fonctionnement du parc nucléaire français, ont eu l’outrecuidance de reprocher à EDF de ne pas avoir préparé la construction de nouveaux réacteurs. Ce sont les mêmes champions des injonctions contradictoires qui depuis des années malmènent notre belle entreprise au lieu de laisser s’épanouir notre industrie vouée au service des citoyens.
Nous n’aurons de cesse de réclamer que les responsables politiques prennent leurs responsabilités – mais sans beaucoup d’illusions sur ce chapitre.
Aujourd’hui
L’épreuve nous aura rendus plus forts. Nous ne sommes ni aigris ni indifférents, mais résilients face à l’arrêt de production et la déconstruction de notre outil de travail.
Nous restons fiers du travail accompli pour préparer le démantèlement. Nous savons aussi que les collègues, les salariés EDF et ceux des entreprises prestataires qui restent sur le site, vont continuer le travail de déconstruction avec tout leur professionnalisme. Ceux d’entre nous qui partent vers d’autres sites ou à la retraite, les remercions très chaleureusement de nous laisser partir avec la bonne conscience de savoir notre ancien CNPE en de bonnes mains.
Salariés dans leur très grande majorité et syndicats ainsi que la Direction ont fait corps. Nous pouvons être fiers de notre solidarité et du chemin parcouru, malgré, et même surtout à cause des difficultés, dont les frottements entre parties prenantes et toutes les émotions que nous avons surmontées. Nous pouvons être collectivement fiers de notre résilience.
En ce jour de dernier CSE du CNPE de Fessenheim avant la séquence de clôture des comptes, nos pensées sont avec tous celles et ceux qui ont trouvé un nouveau lieu de travail et de vie, avec celles et ceux qui préparent leurs cartons, avec celles et ceux qui restent dans la région, voire sur le site. Nos pensées les plus chaleureuses vont vers les quelques collègues qui n’ont pas encore trouvé un nouvel avenir professionnel. La CFE Énergies et les autres syndicats restent à leurs côtés. Nous n’oublions pas non plus le bassin industriel de Fessenheim et espérons que la prospérité y reviendra.
L’avenir
L’avenir du site sera dès le 1ᵉʳ septembre dans les mains de nos collègues de la DP2D. La déconstruction d’un outil industriel fiable, utile, rentable est bien sûr un crève-cœur. Mais c’est aussi un challenge pour tous les techniciens et ingénieurs ainsi que les collègues des fonctions support. Les salariés d’autres sites en déconstruction à Chooz ou à Philippsburg nous ont parlé lors de visites avec la CLIS de Fessenheim (la Commission Locale d’Information et de Surveillance) d’un travail passionnant. Ils avaient la volonté de faire un travail d’aussi grande qualité que pendant la phase d’exploitation. Ils manifestaient leur enthousiasme d’innover pour maitriser des systèmes complexes. La CFE Énergies sait que nos collègues de Fessenheim feront aussi bien, probablement mieux. Le professionnalisme des années de pré-démantèlement est d’excellent augure.
En regardant vers l’avenue de Wagram, nous aurions été en droit d’attendre récemment plus de solidarité de notre employeur dans le combat pour sauvegarder nos retraites et plus généralement notre statut. Certes, la position d’EDF n’est pas confortable face aux injonctions contradictoires et si souvent dénuées de bon sens de nos gouvernants. Mais nous croyons en notre entreprise et en ceux qui la pilotent. Nous sommes donc exigeants de tous les niveaux hiérarchiques et nous le resterons.
Nous attendons de la direction de l’entreprise qu’elle défende EDF, contre toute velléité de ressusciter Hercule et le démembrement d’EDF, qu’elle défende le mix énergétique français et le modèle social d’EDF, pour le bien de l’ensemble des citoyens français.
Cela dit, les salariés de notre CNPE et d’EDF ne sont pas naïfs. Nous savons que nous devrons continuer à nous battre, même à l’intérieur de l’entreprise, pour garder EDF au top des entreprises responsables et humaines. Non, pas par le remplissage de cases dans des tableaux par des gestionnaires RH sans âme, comme cela se pratique dans trop d’entreprises. Mais par une prise en compte véritable, humaine, de la communauté et chacun de ses membres, qui fait depuis des décennies la force, la richesse et la valeur de notre entreprise.
Les difficultés d’accostage des départs en retraite d’une partie des salariés au changement de statut du site, difficultés dues à la réforme des retraites voulue par le Gouvernement, mal pensée, mal préparée, mal mise en œuvre, est un exemple flagrant de la nécessité de rester vigilants jusqu’à que chacun de nos collègues ait retrouvé un avenir.
Nous attendons des responsables politiques français et européens qu’ils mettent tout en œuvre pour
- Garantir une énergie décarbonée, sûre, pilotable, abordable
- Sécuriser l’indépendance énergétique de la France et de l’Europe
- Définir les stratégies industrielles à long terme, sans dogmatisme, dans l’intérêt du pays et du continent européen, pour le bien de ses habitants.
- Sécuriser une transition juste pour tous dans les changements technologiques et industriels qui se font à une vitesse vertigineuse. Personne ne doit être laissé sur le bord du chemin, aussi escarpé soit-il.
Pour la fédération CFE Énergies, il n’est pas de démocratie viable en l’absence des corps intermédiaires. Ce sont aussi les organisations syndicales, avant tout la CFE Énergies bien sûr, qui nous font croire dans l’avenir de notre entreprise, EDF, et espérer dans un avenir pour le site du bientôt ancien Centre Nucléaire de Production d’Électricité de Fessenheim, notre CNPE.
Merci FESSENHEIM !
FESSENHEIM, fiers d’en être !