Mettre fin à l’acharnement contre EDF
La CFE Énergies dénonce l’acharnement coupable du Gouvernement contre EDF
Lorsque l’Assemblée Nationale, dont la Présidente a été interpellée par un parlementaire sur les actions de TotalEnergies qu’elle détiendrait, a refusé d’étudier des amendements à la proposition de loi de nationalisation d’EDF, pourtant pertinents en ce qu’ils proposaient de relever le prix de l’AReNH et d’en limiter le volume à 25 % de la production nucléaire, la CFE Énergies n’a pas manqué d’être étonnée que la majorité parlementaire refuse de suivre la Ministre de la Transition Énergétique qui avait déclaré que le prix de l’AReNH devait être ajusté. La Ministre évoqua même un prix de 57 – 58 €, supérieur au prix actuel de 42 €, inchangé depuis 2010 et qui constitue bel et bien une spoliation manifeste d’EDF.
La CFE Énergies est tout aussi stupéfaite que la Première Ministre n’ait rien trouvé de mieux, lors de sa récente audition par la commission d’enquête parlementaire sur la perte de souveraineté énergétique du pays, que de défendre le dispositif AReNH au nom de l’intérêt des consommateurs, alors qu’il a été instauré au nom de la concurrence qu’il fallait soutenir coûte que coûte.
Au moment où le Sénat lance une mission d’information sur les conditions de l’utilisation de l’AReNH, même la Commission de Régulation de l’Énergie dénonce les pratiques de fournisseurs alternatifs qui ont abusé de l’AReNH et qui n’ont en rien utilisé cette manne pour investir dans la sécurité énergétique des consommateurs français, sans même parler de l’abandon en rase campagne de leurs portefeuilles clients.
Si la CFE Énergies comprend l’intérêt d’une régulation équilibrée de la production nucléaire, elle est stupéfaite que la Chef du Gouvernement continue de défendre un dispositif que nombre d’acteurs reconnaissent comme asymétrique, à bout de souffle et déséquilibré. Ceux-ci n’hésitent pas à qualifier l’AReNH de « monstruosité » et de poison pour EDF comme pour sa capacité à investir dans la décarbonation du pays et la sécurité énergétique de la Nation.
Pourtant, les pertes historiques annoncées par EDF le 19 février dernier devraient faire prendre conscience que l’acharnement régulatoire et actionnarial dont l’État a fait preuve vis-à-vis d’EDF depuis plus de vingt ans, au nom d’une concurrence non libre et très faussée et du dogme de la création de valeur actionnariale qui règne à Bercy, est la cause principale de la situation financière dégradée de l’électricien national depuis de nombreuses années. Si la main invisible du marché est une illusion, la main visible de l’État a elle, bel et bien fracassé EDF en lui imposant un « free cash flow » négatif dès 2013. Comme nombre de services publics, EDF est écrasé par la logique comptable de l’État, celle d’une vision limitée à la seule réduction des coûts… alors que l’État juge légitimes les superprofits quand ils sont réalisés par d’autres acteurs.
Pour la CFE Énergies, cet acharnement doit immédiatement cesser pour donner à EDF un modèle économique robuste qui favorise l’investissement dans la transition bas carbone du pays. Soutenir EDF comme la Première Ministre l’a promis lorsqu’elle annonça la renationalisation d’EDF en juillet 2022, c’est avant tout mettre fin à l’AReNH et offrir au parc nucléaire une rémunération juste, équilibrée et à la hauteur des enjeux industriels du pays, ce qui lui fait aujourd’hui dramatiquement défaut.
C’est à cette condition que le Gouvernement démontrera la sincérité de son engagement à mettre en œuvre le discours du Président de la République à Belfort et à restaurer la souveraineté énergétique du pays en soutenant réellement EDF dans les actes. Pour la CFE Énergies, le Gouvernement doit donc passer de l’acharnement à la bienveillance, et éviter de créer les conditions, avec une nouvelle régulation du nucléaire mal calibrée dans le cadre de la réforme européenne du marché de l’électricité, du retour d’Hercule !