
Énergies renouvelables : ENGIE face à ses contradictions
Oui, Madame MacGregor …Il ne faut pas dire n’importe quoi, et surtout ne pas faire n’importe quoi !
Dans votre tribune du Figaro, vous prenez non seulement la défense de la compétitivité des énergies renouvelables électriques, en affirmant « qu’elles rapportent plus qu’elles ne coûtent », mais vous déclarez aussi que la vraie question, c’est de savoir « comment électrifier les usages », y compris le chauffage.
Si les électriciens ne peuvent qu’applaudir cette déclaration d’amour faite à l’électrification, les gaziers, pourtant salariés des filiales de votre groupe (GRDF, NaTran, Elengy, Storengy, RGE, ENGIE Bioz…), risquent eux de ne pas vraiment digérer votre déclaration.
Les gaziers s’évertuent depuis de nombreuses années, qu’il s’agisse de la RE2020 ou plus récemment du DPE, à combattre une électrification qui réduirait brutalement les usages de l’énergie thermique qu’est le gaz. Ils promeuvent au contraire le verdissement des usages du gaz via le développement des gaz renouvelables, une énergie non seulement renouvelable mais aussi pilotable et stockable.
Puisque l’avenir même des infrastructures gazières du pays en dépend, votre position ne manque pas d’étonner, alors que ces infrastructures gazières sont encore la vache à lait de la performance financière d’ENGIE, ce qu’elles sont d’ailleurs depuis la fusion GDF Suez de 2008 et ce grâce à des tarifs régulés.
En prenant le contrepied des positions des gaziers, salariés comme directions, vous affichez publiquement que votre Groupe n’est plus vraiment gazier. Mais est-il pour autant déjà devenu un véritable électricien, comme pourrait le laisser entendre votre ode aux énergies renouvelables électriques et à l’électrification ? Avoir été élue vice-Présidente d’Eurelectric ne fait pas d’ENGIE un vrai électricien.
Défendre la valeur économique intrinsèque des énergies renouvelables électriques comme le propose votre tribune, ne doit pourtant pas conduire à oublier qu’il s’agit ici de production d’électricité.
Or, puisqu’il s’agit d’électricité dont les fondamentaux sont systémiques, l’intérêt de tel ou tel mode production d’électricité pour la collectivité ne peut s’apprécier qu’à l’aune d’une analyse économique en coûts complets et au regard des services rendus au système électrique. Raisonner et agir en électricien, et non en simple investisseur, c’est développer cette approche systémique. On peine à l’entrevoir dans cette tribune.
Plus vraiment gazier, pas encore vraiment électricien… c’est la question que se posent aujourd’hui les salariés du groupe ENGIE. Confrontés à des plans de suppression d’emplois en France, loin de la promotion de la souveraineté, du patriotisme économique et de l’exemplarité sociale qui devraient guider les énergéticiens français, ils n’en finissent plus de s’interroger sur la nature même de leur Groupe.