
ENGIE : pour une gouvernance exemplaire et cohérente
Une stratégie de réorganisation en décalage avec les discours
Alors que les salariés de GRDF se mobilisent contre la suppression de plusieurs centaines d’emplois sous couvert d’une réorganisation des activités, mais sans modifier sa généreuse politique de dividendes, bien que démesurée au regard de la nature régulée de ses activités, d’autres salariés du groupe ENGIE sont concernés par des réorganisations avec des suppressions d’emplois larvées (services à l’énergie, fonctions support…) ou des cessions.
Un accord GEPP sous haute vigilance
Dans ce contexte, ENGIE négocie un accord de gestion des emplois et des compétences (GEPP) auquel la CFE Énergies prend toute sa part afin d’accompagner les salariés dans leurs transitions professionnelles. Pour la CFE Énergies, l’exemplarité en matière de responsabilité sociale (RSE) dont se prévaut ENGIE interdit à cet accord GEPP, s’il était signé, de servir de caution à un vaste plan de suppression d’emplois destiné à réduire les coûts, surtout qu’il n’est nullement justifié au regard des très bons résultats financiers du Groupe et de sa politique de dividendes des plus généreuses.
Aides publiques, résultats record, mais destructions d’emplois
Au moment où une commission d’enquête sénatoriale sur l’aide publique aux entreprises révèle que nombre d’entre elles cumulent aides généreuses, suppressions d’emplois et politique actionnariale hors sol, la CFE Énergies ne peut admettre qu’un énergéticien comme ENGIE puisse sacrifier son ambition industrielle et sociale à une financiarisation qui n’est destinée qu’à soutenir le cours de bourse. ENGIE doit rester un groupe industriel et non ressembler à un fonds d’investissements qui base sa stratégie sur la rotation d’actifs et une guidance mouvante destinée à suivre les effets de mode des marchés financiers.
Face à l’urgence climatique, l’heure de l’exemplarité
Au contraire, au moment où canicule et sécheresse se conjuguent partout en Europe, la responsabilité des énergéticiens face à l’urgence climatique doit les conduire à l’exemplarité et donc à consacrer leur énergie et leurs ressources à une véritable vision industrielle de la transition énergétique. Pour la CFE Énergies, ENGIE qui se veut la meilleure « Energy Transition Utility » et qui est l’héritière de l’histoire de service public de Gaz de France, doit montrer l’exemple.
Une rémunération qui choque le corps social
C’est dans ce contexte qu’est intervenue l’importante augmentation de la rémunération globale de la Directrice Générale décidée lors de la dernière assemblée générale des actionnaires. Réduction des coûts et frugalité pour les uns, reconnaissance pour quelques autres : la CFE Énergies s’est opposée à cette évolution qui n’en finit plus de heurter le corps social d’un Groupe qui vit au rythme des suppressions d’emplois et d’une pression financière croissante.
Gouvernance : l’éthique ne doit pas céder aux intérêts personnels
De même, forte de son long combat pour une gouvernance exemplaire des énergéticiens, la CFE Énergies dénoncera avec la plus grande force toute modification conjoncturelle des statuts d’ENGIE destinée à modifier l’âge limite du Président du Conseil d’administration, et demande au Gouvernement de s’y opposer.
La CFE Énergies n’a en effet jamais soutenu la moindre modification des statuts d’une entreprise sans autre motif que des convenances personnelles. En 2005, elle avait été la seule organisation syndicale à s’opposer à la modification des statuts d’EDF visant à amener l’âge limite du PDG de l’entreprise de 65 à 69 ans, et les autres organisations syndicales ne s’y étaient pas opposées au seul motif que cette évolution permettait au Président d’aller au terme de son premier mandat. Tel n’est pas le cas d’ENGIE dont le Président est en place depuis maintenant sept ans.
Au demeurant, l’organisation patronale MEDEF a su faire preuve en 2013 de la même exigence éthique en refusant la modification de ses statuts qui devait permettre à sa Présidente d’effectuer un troisième mandat. Pour la CFE Énergies, si le MEDEF a su le faire, ENGIE doit en faire de même, et le Gouvernement doit y veiller.
L’exemplarité, condition de la légitimité et du projet d’entreprise
Au moment où la crise climatique, les enjeux de compétitivité et de réindustrialisation comme les chocs géopolitiques donnent aux énergéticiens un rôle central pour l’avenir du pays et de l’Europe, la CFE Énergies est persuadée que l’exemplarité sociale, mais aussi industrielle et environnementale, est la condition du succès et la crédibilité d’ENGIE, et de l’adhésion de son corps social au projet d’entreprise. C’est ainsi qu’il sera fidèle à l’histoire de service public de Gaz de France. Cela commence par une gouvernance qui incarne cette exemplarité.