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Rôle des réseaux électriques dans la transition énergétique

Investir beaucoup plus dans les réseaux est indispensable pour réussir la transition bas-carbone

L’Alliance CFE UNSA Énergies est convaincue que la France comme l’Union européenne ne réussiront leur décarbonation et donc leurs objectifs climatiques qu’en investissant massivement dans les réseaux électriques de transport et de distribution. Mais ces investissements ne verront le jour que grâce aux femmes et aux hommes qui font vivre le Service Public de l’électricité au quotidien !

Le rôle incontournable des réseaux

La colonne vertébrale des systèmes électriques d’aujourd’hui, à savoir les réseaux de transport et de distribution, vont être de plus en plus sur le chemin critique pour l’atteinte des engagements climatiques partout dans le monde et au-delà pour l’atteinte de l’objectif d’un réchauffement limité à +1,5°C selon l’accord de Paris.

Le problème est que les réseaux électriques ne reçoivent que très peu d’attention de la part des dirigeants, qui ne jurent que par les énergies renouvelables ou bas carbone. Pourtant au niveau mondial, il est indispensable de développer ces réseaux 20% plus rapidement dans la prochaine décennie que par le passé.

L’atteinte des objectifs nationaux de lutte contre les gaz à effet de serre implique, au niveau mondial, le remplacement et l’ajout d’un total de 80 millions de kilomètre de réseau d’ici à 2040, c’est-à-dire l’équivalent de l’intégralité du réseau existant sur la planète. Et l’ensemble de ces réseaux doit devenir numérique et robuste face aux cyber-attaques.

Les efforts à fournir pour adapter les réseaux de transport et de distribution d’électricité sont colossaux et l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) presse l’ensemble des pays, l’ensemble des régulateurs et l’ensemble des propriétaires / actionnaires de gestionnaires de réseau de transport et de distribution (GRT et GRD) d’électricité à agir pour leur donner les moyens de relever le défi.

Rien ne sera possible sans les compétences des salariés

Il est important de dire que RTE et Enedis ont déjà adopté nombre de recommandations de l’AIE. Pour autant, il existe des marges d’amélioration, en premier lieu dans le domaine du renouvellement des compétences. En effet, l’âge moyen des agents ne cesse d’augmenter chez RTE et Enedis, et la pyramide des âges annonce – malgré la scandaleuse réforme des retraites – de très nombreux départs en retraite dans les années à venir.

Face à ce constat, l’Alliance CFE UNSA Énergies s’interroge sur la capacité des gestionnaires de réseaux à renouveler les compétences et à maîtriser l’inévitable turn-over des effectifs puisque désormais les nouveaux embauchés n’ont plus le même contrat social que les salariés embauchés auparavant.

Il faudra pourtant bien que RTE et Enedis trouvent les voies et moyens de fidéliser leurs salariés, et de les former dans les technologies de pointe nécessaires pour accueillir tous les nouveaux moyens de productions et tous les dispositifs actifs (stockage, outils de flexibilité, …).

Il faudra aussi que la démarche annoncée d’école des réseaux pour la transition énergétique soit couronnée de succès et que l’ensemble de la filière tienne sa promesse d’embauche de plus de 8 000 jeunes et de salariés en reconversion grâce à l’Éducation Nationale, aux GRETA et à l’AFPA.

Une politique industrielle pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement

Par ailleurs, l’AIE attire l’attention sur la nécessité de sécuriser les chaînes d’approvisionnement en câbles, en transformateurs et autres équipements, alors que l’ensemble des gestionnaires de réseau au niveau mondial vont solliciter toute la chaîne de production et que les tensions sur les matières premières et autres matériaux critiques ne feront que s’aggraver avec les tensions géopolitiques.

Alors que les réseaux électriques ont consommé 15 millions de tonnes par an (cuivre et aluminium confondus) sur la période 2012-2021, l’AIE a calculé que la décennie 2041-2050 aurait besoin de 39 Mt par an pour atteindre la neutralité carbone au niveau mondial. RTE et Enedis doivent donc renforcer leur lien avec l’ensemble de la filière industrielle, et plus encore, la France et l’Europe doivent aussi soutenir les filières françaises et européenne de production d’équipements pour les réseaux. Ce n’est pas qu’une question de sous-traitance responsable, c’est aussi une question de souveraineté industrielle.

Des régulateurs qui doivent sortir de leur carcan coercitif

L’AIE porte aussi l’accent sur la responsabilité des régulateurs nationaux et régionaux dans l’atteinte de la décarbonation en 2050. Certains régulateurs mettent l’accent sur la réduction des dépenses d’exploitation (charges de personnel, exploitation, maintenance, R&D, …), au détriment de l’amélioration opérationnelle, de l’innovation et de la qualité de service.

C’est la position de l’Alliance CFE UNSA Énergies, qui est régulièrement amenée à s’opposer aux propositions de tarifs de la CRE, justement parce qu’elles exigent des réductions d’OPEX qui vont à l’encontre du Service Public à court terme, et de la transition énergétique à moyen terme. A ce titre, les coûts imposés aux gestionnaires de réseaux par le développement massif des énergies intermittentes mériteraient d’être mieux partagés.

Vers une solidarité internationale ?

Parmi les pays en développement et les pays émergents, l’AIE cite les efforts colossaux produits par la Chine, l’Inde, ainsi que le Brésil en matière de développement de réseaux électriques. Pour autant, les efforts à produire pour apporter l’électricité dans tous les foyers, et pour accueillir tous les moyens de production décarbonés restent gigantesques, avec une demande passant de 15 000 TWh en 2022 à 35 000 TWh en 2050.

Les pays et régions en développements vont eux-aussi devoir utiliser des outils numériques pour piloter des réseaux dont les seules productions synchrones sont les barrages hydro-électriques, et ils devront aussi pouvoir compter sur des salariés formés pour développer, exploiter et entretenir ces réseaux. C’est pourquoi RTE, Enedis et les gestionnaires européens se doivent de renforcer leurs coopérations à l’international afin de partager l’ensemble de leurs savoir-faire pour que l’ensemble de la planète atteigne les objectifs de décarbonation en 2050.

Vous pouvez compter sur
l’Alliance CFE UNSA Énergies pour défendre la place des réseaux dans la transition énergétique, et les moyens dont doivent disposer leurs salariés !