General Electric : discussions avec EDF
L’État doit assumer ses responsabilités dans le sauvetage des activités nucléaires de General Electric
Souhaitant céder les activités nucléaires de sa filiale GE Steam Power après les avoir acquises en 2015 auprès d’Alstom, General Electric vient d’officialiser l’ouverture de discussions avec EDF, « préliminaires » et « exploratoires », pour le rachat de ses activités nucléaires.
Si l’Alliance CFE UNSA Énergies considère comme légitime la recherche d’une solution pour assurer l’avenir des activités et compétences nucléaires qui s’avèrent essentielles pour l’avenir du nucléaire en France et donc pour la souveraineté nationale, il n’en demeure pas moins que la responsabilité de l’État est grande dans cette affaire.
Outre que la souveraineté nationale sur les activités nucléaires d’Alstom aurait mérité une solution plus durable et plus robuste que celle trouvée en 2015, à savoir une golden share1 (« participation en or »), l’Alliance CFE UNSA Énergies regrette qu’à force d’avoir abandonné toute volonté de déployer une véritable politique industrielle et de s’en être remis aux seules lois des marchés financiers, l’État ait progressivement perdu toute vision stratégique pour l’industrie française et les capacités d’intervention associées. À l’image de la désintégration de la Compagnie Générale d’Électricité puis d’Alcatel-Alstom, faute de volonté de constituer des noyaux durs, l’industrie française et son avenir sont soumis aux desiderata des investisseurs étrangers, comme aujourd’hui General Electric.
Dès lors, l’État ne peut pas se défausser une nouvelle fois sur EDF en lui demandant de racheter un de ses fournisseurs. La stratégie d’un électricien n’est pas d’intégrer l’ensemble de la chaîne de valeur de ses équipementiers et l’État actionnaire, qui demande dans le même temps à EDF d’avoir une stratégie créatrice de valeur, doit faire preuve de cohérence.
Par conséquent, l’Alliance CFE UNSA Énergies considère que, comme il l’avait fait en 2015 quand il avait demandé à EDF de prendre le contrôle d’AREVA NP dans le cadre du sauvetage d’AREVA, l’État doit recapitaliser EDF pour lui donner les moyens financiers de réaliser une opération qui n’entre pas dans le cœur de sa stratégie et de son métier d’électricien.
Par ailleurs, l’intégration des activités nucléaires de General Electric n’a de sens que si l’État assure l’avenir de l’industrie nucléaire française en lui donnant la visibilité nécessaire. Dans cette perspective, l’Alliance CFE UNSA Énergies réaffirme que cette visibilité repose tout d’abord sur la prolongation la plus large et la plus durable du parc nucléaire existant, ce qui devra conduire le Gouvernement à revoir les objectifs de l’actuelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Cela suppose tout autant la décision dans les meilleurs délais de l’engagement du renouvellement du parc nucléaire comme celle de la réalisation en France du démonstrateur SMR2 français.
L’avenir de l’importante filière industrielle française qu’est le nucléaire repose en effet sur une politique industrielle de l’énergie guidée par une vision de long terme, une planification inscrite dans la durée et une action publique qui ne se réduit pas aux prises de participations et autres meccanos capitalistiques. Tel est le message que l’Alliance CFE UNSA Énergies adresse au Gouvernement actuel et aux futurs dirigeants du pays.
1 – Le mot désigne une action de société qui vaut plus que les actions ordinaires, parce qu’elle donne à son porteur un pouvoir spécifique, c’est-à-dire un droit de veto sur certaines décisions de l’entreprise.
2 – Small Modular Reactor